Si tout le monde aimait son travail autant que Jonah Leslie, les gens seraient nettement moins impatients à l’heure de pointe. Je l’ai rencontré au Ibiki, sa boutique qui s’étend sur deux étages, pour jaser de l’industrie du vêtement et de ce qui rend son magasin l’une des meilleures destinations mode à Montréal.
1. Une ambiance unique
Comme acheteur, il existe trois types de destinations : les foires, les salles de montre multimarques et les showrooms à l’interne. La dernière est la plus prisée. L’acheteur peut alors plonger à fond dans l’univers du label. Une atmosphère unique et une identité qu’il peut ensuite transmettre à sa clientèle.
« Les foires ne sont pas idéales pour rencontrer le représentant d’une marque. Il y a des gens partout, tu es constamment interrompu alors que tu essaies de dire à l’autre personne ce qui a et ce qui n’a pas fonctionné. À l’opposé, lorsqu’une marque présente à même ses bureaux – Helmut Lang, qu’on vend ici, procède de cette manière à New York – tu es submergé par l’univers de la marque. Les meubles, la sélection des produits, les gens, tout est choisi en fonction de l’ADN de la boîte. »

Tout le monde est gagnant! Jonah est inspiré et nous aussi, à la seconde même où nous mettons les pieds dans son magasin à l’esthétisme immersif.
2. Le pouvoir d’une sélection diversifiée
La première fois que je suis rentrée chez Ibiki, j’ai regardé partout trop vite et je me suis foulé l’œil. Bon, je blague, mais c’était proche. Des piles de magazines indépendants accueillent les clients, des bijoux délicats remplissent les cabinets vintage en bois, les tablettes sont pleines de sneakers, la lingerie fabriquée dans le bambou le plus doux nous fait de l’œil, des objets déco sont accrochés aux murs, des crèmes pour le visage attendent d’être testées et partout (évidemment) des vêtements magnifiques sont alignés sur les murs.

Conclusion? Je retourne à la boutique pour les anniversaires, durant le temps des fêtes ou lors des journées banales, quand je veux m’offrir un petit quelque chose de spécial. Faites donc pareil. Vous le méritez après tout ;)
3. Connaître chaque marque. Par cœur.
Il a suffi que je parle 5 minutes avec Jonah pour comprendre c’est quoi être VRAIMENT passionné. Durant notre entrevue, il a nommé au moins 15 marques différentes en identifiant l’origine de chacune, le fondateur (je n’étais pas surprise d’apprendre qu’il en avait rencontrer quelques-uns), la philosophie de la compagnie, les matériaux utilisés. Il connaissait absolument tout.
Découvrir le processus derrière chaque produit de la boutique donnait l’impression de rencontrer la personne à la tête du label. Explorer le « comment » et le « pourquoi » d’un objet est un expérience tellement enrichissante. Un peu comme d’un humain à un autre.

4. Maîtriser son art
Vous savez ce qu’on dit : « Bon à tout, bon à rien ». Un proverbe qui résume parfaitement la philosophie de Jonah.

« Je vise des marques spécialisées dans un type de produit ou des divisions de compagnie qui, je crois, offrent la meilleure qualité. J’achète les sacs en cuir de The Stowe et les cosmétiques de Malin + Goetz. Misez sur ce qu’une compagnie fait de mieux. »
Un conseil bien utile pour les acheteurs ET les consommateurs.

5. Être différent
Faire les choses différemment dans une industrie saturée est primordial. En fait, Jonah prend ce concept très au sérieux. Il voyage deux fois par année en Corée du Sud pour y trouver des vêtements uniques qu’il vend aussitôt à son retour.

« À Séoul, les gens suivent les tendances, mais ils y mélangent leur esthétisme oriental, une facture visuelle que j’ai toujours aimée. Ils ont aussi quatre saisons, comme Montréal, et leur mode est beaucoup plus accessible que ce qu’on trouve au Japon. Leurs designs sont simplissimes, mais réalisés dans des tissus surprenants et des volumes hors du commun. Pour moi, sélectionner des trucs exclusifs là-bas est la suite logique des choses. »
À défaut de voyager jusqu’à la capitale coréenne, rendez-vous à la boutique pour dénicher des pièces qui sortent de l’ordinaire.

Ibiki, 4357 boulevard St-Laurent, Montréal
Photos par Naomie Tremblay