Il y a une chose dont Montréal ne manquera jamais (je touche du bois 10 fois) : du beau bon monde créatif, comme Alexandre Bergeron.
Alexandre est joaillier et acteur – mais je me concentre plutôt sur le premier aujourd’hui – que j’ai rencontré grâce à Naomie. Il y a deux ans, elle m’a offert des boucles d’oreilles fabriquées de ses belles mains pour mon anniversaire et, plus récemment, j’ai participé comme modèle dans sa dernière campagne. Mes clavicules, mon front et ma nuque ont servi de fond à ses pièces futuristes/cosmiques/magiques. (Vous comprendrez en les voyant.) De mon côté, j’ai trippé à fond – sur lui et son travail.
D’où vient ton intérêt pour la joaillerie?
J’ai toujours été attiré par les bijoux, ceux de ma mère, de mes tantes, la bague de mon grand-père. Je ne sais pas trop pourquoi, ils me fascinaient. Surtout ceux qui étaient portés quotidiennement, comme les alliances et certaines boucles d’oreilles. La constance m’impressionnait. Je me demandais pourquoi les gens ne se tannaient pas de les porter. Ils devaient être bien importants ces bijoux….Et ça m’intriguait. J’appréciais leurs histoires et ce qu’ils symbolisaient. J’aimais aussi beaucoup le bruit des bagues sur les verres! (Rires.)
Comment as-tu appris à fabriquer des bijoux?
Quand j’étais petit, ma mère faisait des colliers de billes et j’ai commencé comme ça, avec son « équipement ». Même que j’en vendais! Un businessman de 10 ans…
Plus sérieusement, en 2008, j’ai fait un cours à l’École de joaillerie de Montréal que j’ai complété avec quelques cours privés pour apprendre les techniques qui me manquaient. Depuis, je m’amuse! Et lorsque j’ignore comment réaliser un truc, je fais une recherche et, souvent, ça m’amène ailleurs. C’est quelque chose qui me plaît – de ne pas savoir quel est le chemin parfait ou la « bonne » façon de faire.
Avec quels matériaux travailles-tu?
Au cours des dix dernières années, j’ai beaucoup travaillé avec la chaîne, que j’approche comme un tricot, en la tissant. Maintenant, j’utilise surtout l’argent et les pierres précieuses. Parfois, j’ai la chance de travailler l’or, mais seulement pour de petites pièces ou des commandes spéciales, puisque c’est si cher. Mais j’adore ça! J’en ferais tout le temps. Gold all the way!
Qu’est-ce qui t’inspire?
Beaucoup de choses, surtout les arts, particulièrement la sculpture et la peinture. Sinon, la danse, le vêtement et la musique.
Les gens m’inspirent aussi énormément! Je pense à quelqu’un et j’imagine une pièce pour elle ou lui. Autrement, les voyages génèrent mille et une idées. Ce qui est bon signe – la valve est ouverte et je sais que je suis à la bonne place dans ce temps-là.
Parle-moi de ta plus récente collection.
C’ est méga loin de ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. Je suis allé vers des formats beaucoup plus imposants, des matières différentes, des pigments, des brillants, beaucoup de pierres, des cristaux du Québec… J’étais fortement attiré par tout ce qui faisait « magique ». Par exemple, le fini phosphorescent sur ma bague me fait halluciner comme un kiddo! C’est comme Star Wars qui rencontre Mon Petit Poney… Haha, enfin, dans ma tête.
Tu es aussi acteur. Trouves-tu que les deux disciplines se nourrissent mutuellement?
C’est distinct, mais en même temps, ça fait partie de moi. Donc, forcément, ça doit influencer mon travail en joaillerie. Par exemple, ma première collection était composée de personnages (roi, reine et prince) et de leurs animaux (chat-licorne, éléphant, the mouse of the castle (une anglophone)). En quelque part, là-dedans, il y a un aspect théâtral!
J’aime qu’une discipline soit plutôt extravertie, en groupe, et que l’autre soit totalement solitaire et intravertie. Elles se complètent.
Quel est le rôle d’un bijou selon toi?
Je ne crois pas que le bijou ait un rôle spécifique. Ça dépend de la pièce et de celui qui la porte. Parfois, il peut être uniquement décoratif et, d’autres fois, symbolique et chargé de souvenirs. Moi, j’aime bien quand c’est les deux! Quand il a une valeur sentimentale et qu’il est porté avec swag. Ça nous fait briller aussi, ce n’est pas banal. Let’s shine!
D’ailleurs, en ce moment (et ça se peut que ça dure juste deux semaines), je capote sur le « beaucoup ». Plein de bagues, des boucles énormes, des grosses chaînes, je trouve ça cool de s’amuser avec tout ça! Beyonce, qui pue le bling, Nina Simone et Bjork m’inspirent. Mon leitmotiv du moment : plus que moins.
Comment comparerais-tu la manière dont les hommes et les femmes portent des bijoux?
Les hommes sont tellement moins audacieux que les femmes. Aussitôt que ça sort de la chevalière ou du jonc, c’est « trop funky » et il n’y a que le gars super extravagant qui peut le porter. Ce n’est pas vrai. Si l’envie est là, il suffit d’oser.
Je trouve ça ultra sexy et viril un gars qui porte des bijoux de façon assumée. À la défense de ma gent, il n’y a peut-être pas assez de beaux bijoux pour hommes. D’ailleurs, je suis en train de créer une collection entièrement unisexe. J’ai hâte de vous montrer, ça devrait sortir bientôt!
Et sinon, quels sont les autres projets à venir?
J’en ai tellement! (Rires.) Je vais bientôt lancer ma boutique en ligne et je rêve aussi de voyager avec mes créations – avoir des points de vente à l’étranger et un bel atelier en Islande où passer les week-ends.



Photos par Naomie Tremblay, sauf lorsque indiqué autrement.
Un commentaire