Comme certains d’entre vous le savent déjà, j’écris pour quelques publications parallèlement à mon blogue – une d’entre elles est le magazine Clin d’œil. En septembre dernier, la rédactrice mode m’a demandé si j’étais intéressée à interviewer l’actrice Meghan Markle pour une brève dans le numéro de novembre. « Bah, pas vraiment », j’ai répondu. Je niaise, c’est sûr que j’ai accepté ;)
Le curriculum vitae de Meghan est assez impressionnant. À moins avoir vécu sous une roche depuis 2011, vous savez que Meghan joue le rôle de Rachel Zane dans la méga populaire série Suits depuis cinq saisons déjà. Par contre, vous n’êtes peut-être pas au courant qu’elle est à la barre de son propre site lifestyle épicurien, The Tig, en plus d’être porte-parole pour le leadership et l’implication politique des femmes aux Nations Unies. Ah! Et elle est aussi le nouveau visage de Reitmans, fraîchement revampé, qui est la raison pour laquelle j’ai d’abord fait cette entrevue.
Parce que sa feuille de route est un peu trop étoffée pour être résumée en une centaine de mots (la longueur de mon texte pour Clin d’œil), une grande partie de l’entrevue a dû être coupée. MAIS, parce que je ressentais le sérieux besoin de partager son authenticité et sa curiosité pour le monde qui l’entoure – deux qualités extrêmement inspirantes – voici la suite de mon entretien avec elle.
(J’étais tellement excitée de faire l’interview que j’ai oublié de prendre des photos. C’est ça qui est ça.)
Penses-tu que les vêtements peuvent être un outil d’empowerment* chez les femmes?
Certainement. À travers les années, j’ai compris que la mode a le pouvoir de changer la perception que les gens ont de nous mais aussi celle que nous avons de nous-mêmes. Si tu as une mauvaise journée et que tu enfiles un pantalon et un chandail en coton ouaté, tu ne te sentiras probablement pas mieux.
Même dans Suits, le choix des costumes m’a rendue plus sensible aux émotions de Rachel. Quand elle tombe en amour avec Mike, elle porte des couleurs plus douces, comme du rose pâle. Quand elle est super business, tout est noir ou gris anthracite. Quand elle déménage avec Mike, son style influence le sien. Elle commence à porter des camisoles blanches et des jeans – une image plus décontractée.
On ne réalise pas, mais ce qu’on sélectionne dans notre garde-robe en dit beaucoup sur nous. Non seulement sur qui nous sommes, mais aussi comment on se sent vis-à-vis nous-mêmes. C’est très puissant!
*Un mot anglo qui a sérieusement besoin d’un penchant français.
Quel est ton moment mode le plus marquant?
Il y en a eu plusieurs! Mon uniforme de scout! Ma mère était chef de la colonie. Ce n’était pas comme dans Troop Beverly Hills par contre. Un événement Miu Miu aussi, auquel j’ai assisté durant la semaine de la mode de New York. J’étais à mon essayage et, tout d’un coup, j’enfilais ce magnifique haut perlé, cette jupe parfaite, ce manteau et ces souliers de Cendrillon. Je me rappelle m’être aperçue dans la glace et avoir eu le souffle coupé : j’avais finalement compris. Ce n’était plus simplement une question de se sentir jolie, c’était le concept que des vêtements pouvaient devenir des œuvres d’art.
Quelle pièce de ta penderie a le plus de valeur à tes yeux?
L’objet que je chéris le plus est un bracelet à breloques. Je le porte parfois dans Suits – il appartenait à ma grand-mère. Elle est née dans une petite ville et un des ses premiers emplois était dans un magasin JJ Newberry, où on lui donnait une nouvelle breloque chaque année. Avec l’expérience que je vis présentement, il me rappelle d’où je viens et à quel point ma famille a travaillé extrêmement fort.
Oui, j’ai un manteau Max Mara que j’adore et il y a d’autres trucs que je possède pour lesquels j’ai travaillé, mais ça demeure des « choses ». Quand il y a un lien affectif, l’importance n’est plus du tout la même.
Tu es aussi la fondatrice et éditrice du site The Tig. Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ce projet?
Oh mon dieu, c’est tellement gratifiant! Au tout début, je n’avais aucune idée qu’il deviendrait aussi populaire, comme quand j’ai commencé Suits.
Comme actrice, mon but est d’incarner un personnage de manière crédible afin de gagner ma vie. The Tig est devenu un médium pour m’exprimer avec mes propres mots et pour partager tout ce qui m’inspire et me passionne, mais de façon accessible. Ça peut être la mode, la bouffe… Je suis tellement curieuse de nature. Si je mange dans un bon restaurant, je veux parler au chef et partager ce qu’il me dit avec les gens qui me suivent. Pourquoi a-t-il construit son plat comme ça? En mode, je tente de comprendre pourquoi ce designer a choisi cette pièce ou cette couleur pour la collection. Quelle est l’histoire derrière tout ça? C’est entrer dans la tête de quelqu’un et en apprendre plus sur ses inspirations – j’adore ça!
Par-dessus tout, j’aime trouver les plaisirs de la vie de façon à ce que tout le monde puisse en profiter. Ce n’est pas comme « ah j’aimerais tellement pouvoir aller là », c’est plutôt « oui, je peux y aller moi aussi ». Ce n’est pas une question d’argent. Aussitôt que tu deviens célèbre, il y a une croyance populaire que tout est systématiquement glamour. Les voyages que je mets sur mon site, c’est moi en train de visiter la Nouvelle-Zélande dans une roulotte. (Rires.)
Tu t’es autoproclamée foodie. D’où te vient cette passion pour la bouffe?
J’ai grandi sur le plateau d’une émission qui s’appelait Married with Children. Mon père (qui faisait partie de l’équipe de production) me disait toujours d’aider les gens du traiteur. Chaque jour, après l’école, je passais mon temps à faire des sandwiches et à les porter aux producteurs. J’adorais l’art de cuisiner et le lien que la nourriture créait entre les gens. Cette expérience a définitivement semé une graine.
Une grande partie de ma passion est aussi en rapport avec les voyages que j’ai faits en grandissant. Ma mère était agente de voyage – on allait partout et on goûtait à tout. C’est comme ça que mon intérêt d’associer des saveurs et des cultures est née. Maintenant, je peux dire que je suis autant heureuse avec un pad thaï à 5 $ à Bangkok qu’avec un souper cinq services dans un restaurant Michelin trois étoiles, comme le Eleven Madison Park.
Tu es actrice, tu es à la tête de ton propre site internet, tu es porte-parole pour les Nations Unies et tu as aussi été calligraphe pendant un temps. Quels sont tes prochains plans?
Quand tu dis tout ça, je ne semble pas avoir beaucoup de temps de libre! (Rires.)
Les prochains projets avec Reitmans sont super excitants, mais je ne peux pas t’en parler pour l’instant. Ils seront annoncés bientôt par contre!
J’ai aussi envie de repousser mes limites en général. Ça fait un bout de temps que je participe à des projets motivés par des buts spécifiques. Ils sont réconfortants et excitants à la fois, mais il est temps de sortir de ma zone de confort.
(Son assistante intervient alors pour me dire que Meghan parle aussi espagnol, ce qui l’inspire visiblement.)
Réapprendre le français, c’est ce que je veux faire! J’ai pris des cours pendant trois ans et, chaque fois que j’entends la langue, j’ai envie de m’y remettre. Je viens justement de racheter le programme Rosetta Stone. La prochaine fois qu’on fera une entrevue, tout sera en français (elle le dit vraiment en français). J’aimerais aussi courir un marathon, mais je vais me concentrer sur le français en premier.