J’ai essayé: la location de vêtements

Haut Eliza Faulkner disponible sur Station Service | Photo Melika Dez

Voici un scénario un peu trop familier.

T’as un événement chic auquel tu dois assister. Disons un mariage – pas le tien là, mais celui d’une amie de ta soeur. Toi, grande fan de jeans, ne possède aucune robe cocktail et tu décides donc de t’en acheter une pour l’occasion. Deux cents dollars plus tard, tu repars avec ta super belle robe qui, après avoir été étrennée sur le dancefloor au son du set endiablé de DJ LoveIsForeva, dormira à tout jamais dans ta garde-robe.

Autre scénario possible.

T’as envie de ralentir ton rythme de magasinage (pour ton portefeuille, l’environnement et/ou des valeurs sociales), mais t’as pas nécessairement envie de renoncer au merveilleux feeling que te procure un nouveau morceau de vêtement.

Station Service, une compagnie de location de vêtements de designers québécois, est peut-être la solution à tous tes maux vestimentaires. La différence avec les autres compagnies du même genre qui ont peut-être déjà croisé ta route: la sélection est vraiment très très très belle. Sérieusement, il n’y a pas UN vêtement que Raphaëlle Bonin, la fondatrice, choisit que je ne porterais pas. Avec plus d’une trentaine de designers, dont Noémiah, Martel, Betina Lou, Les Enfants Sauvages et Oneself, la plateforme en ligne permet de louer à la carte (pendant 7 jours) ou de s’abonner à un forfait mensuel ou annuel pour profiter d’un plus grand nombre de vêtements!

Il y a quelques semaines, j’ai eu la chance d’essayer le forfait «Soie» le temps d’un mois (trois vêtements par deux semaines). À part avoir pleuré quand il a fallu que je redonne mon haut Eliza Faulkner, tout s’est déroulé à merveille! Essayage préliminaire à la boutique pour m’assurer que tout m’allait bien, livraison à domicile et nettoyage à sec inclus: c’était cool d’avoir autant de nouveaux vêtements, tous fabriqués ici, et que si je les avais achetés à prix régulier, j’aurais dû déclarer faillite personnelle.

J’ai rejoint Raphaëlle à son atelier-boutique dans le Mile-End pour jaser autour d’un verre de Station Service et de sa vision saine (la plupart du temps) de l’entreprenariat (lire: pas obligée de travailler 125 heures/semaine pour être à la tête de sa propre business).

Qu’est-ce que tu faisais avant de lancer Station Service?

J’étudiais en Gestion d’organismes culturels aux HEC. Mon but était de travailler en production cinématographique. C’est en suivant un cours d’entreprenariat que j’ai découvert que j’avais vraiment une fibre entrepreneuriale et que c’était ça que je voulais faire. C’est aussi durant ces années que j’ai commencé à travailler sur Station Service. Je rêvais d’un espace qui offrirait un service de location de vêtements, même si, concrètement, je ne savais pas trop encore ce que je voulais en faire.

Jupe Betina Lou disponible sur Station Service

Tu m’as parlé de Station Service pour la première fois il y a deux ans. La compagnie a été lancée il y a six mois: qu’as-tu fait pendant cette période de préparation d’un an et demi?

L’idée est née pendant que j’étais aux HEC et après, je me suis inscrite au programme de coaching en affaires District 3. C’est là que j’ai fait mes études de marché; moi et une amie avons interviewé 60 femmes pour connaître le genre de service dont elles avaient envie et voir si on répondait vraiment à un besoin. C’est aussi à ce moment que j’ai contacté des designers.

J’ai ensuite fait une campagne de socio-financement à l’automne 2016 – mon but était d’ouvrir officiellement au printemps 2017 –, mais mes finances personnelles n’étaient pas assez stables et il y avait une partie de moi qui n’était pas prête à se lancer. Avec ma campagne, j’ai réussi à amasser 8 000$, mais un projet comme celui-là m’en demandait 30 000$. Il faut aussi dire que je travaillais toute seule et à temps partiel sur le projet, donc ça a été un peu plus long.

Est-ce que c’était difficile de convaincre les designers d’embarquer dans le projet?

Au début, c’était plus difficile parce que je ne connaissais personne dans le milieu de la mode, je venais du milieu culturel. C’était vraiment une question de faire ma place. Aussitôt que mon plan a été clair et que je savais en quoi cette plateforme pouvait leur être utile, il suffisait de les rencontrer. De là, un sentiment de confiance et de collaboration s’est installé rapidement – les designers étaient super enthousiastes!

Haut Martel disponible sur Station Service | Photo Melika Dez

Tu aspirais à travailler en cinéma et finalement tu t’es plutôt tournée vers l’entreprenariat en mode. Pourquoi avoir changé de direction aussi drastiquement? 

J’ai toujours fait plein de projets! Mes deux parents sont entrepreneurs, alors je baigne là-dedans depuis que je suis toute petite. J’ai fait un court-métrage sans étudier en cinéma, avec une équipe de 20 personnes, qui a tourné dans les festivals. Ma plus grande force est de m’entourer de gens compétents en qui j’ai confiance et qui ont une vision similaire à la mienne.

Pourquoi la mode? C’est vraiment parti d’un problème personnel. J’achetais des trucs cheap, genre Forever 21, et je donnais énormément de vêtements à mes amies. Je n’ai jamais été une fashionista, mais j’ai l’oeil; je sais reconnaître le beau. En d’autres mots, la mode me passionne, mais je ne suis pas la fille qui est tout le temps dernier cri. Donc l’idée a vraiment découlé de mes problèmes de consommation faute de trouver une alternative.

Je vois aussi mon travail comme une gestionnaire d’artistes ou une commissaire de la mode. Parce que pour moi, les créateurs, ce sont des artistes. Leurs pièces sont des oeuvres d’art et j’en fais la promotion, je les mets de l’avant.

Veston Amanda Moss disponible sur Station Service

Qu’as-tu appris depuis que tu as lancé Station Service?

J’ai appris qu’il faut être vraiment patient envers soi. Tu ne peux pas tout faire. Je me rends compte que, même étant perfectionniste, je dois couper les coins ronds des fois. Il faut aussi faire preuve de patience envers l’entreprise, ça prend du temps avant de grandir.

De plus, je pense qu’il faut regarder un pas en avant, mais pas trop loin non plus. C’est drôle à dire, mais c’est en faisant de la compétition de ski alpin que j’ai développé cette façon de voir l’entreprenariat. Sur une piste, tu as des gates et tu te concentres sur celle devant toi. Si t’en regardes deux en avant, tu vas te planter et te faire mal. Même chose si tu ne regardes pas. Il faut structurer sa pensée et vraiment y aller une étape à la fois. D’où l’importance d’avoir des objectifs réalistes pour rester motivée. Si je me dis au quotidien que je veux avoir l’ampleur de Zara ou que je veux changer le monde, oublie-ça, c’est sûr que j’angoisse. Le problème avec ce genre d’approche est que tout ce que tu fais ne sera «jamais assez bon».

Haut Marigold disponible sur Station Service

À quoi ressemble le quotidien d’une entrepreneure?

Je suis ici du lundi au vendredi, sauf les mercredis. J’en profite pour rassembler mes rendez-vous cette journée-là: aller voir les designers, chercher de l’inventaire, échanger des pièces, porter les vêtements au nettoyeur, etc. Les lundis, c’est notre journée d’équipe! On est trois au bureau et on organise le plan de la semaine, nos médias sociaux, notre calendrier et les événements à venir. Je réponds aussi à beaucoup beaucoup beaucoup de courriels, je fais de la comptabilité et je reçois les clientes dans la boutique. Le vendredi et samedi soir, je travaille dans un resto. Ma journée off, c’est le dimanche.

La semaine, je fais du yoga, chose que j’avais arrêté pendant le démarrage de l’entreprise… Pire idée au monde! J’étais tellement tendue. Maintenant, je me donne le droit de me reposer. Au début, j’arrivais ici à 9h, je repartais à 19h et je répondais à des courriels chez moi le soir. Je n’ai pas envie d’avoir cette vie-là. J’ai besoin de mes heures de sommeil, sinon je ne suis pas productive. Se lancer en affaires, c’est comme un marathon de cinq ans. Si tu te brûles la première année, tu ne pourras jamais le terminer.

Aurais-tu des conseils pour les filles qui voudraient lancer leur propre business?

Être bien entourée est vraiment important, parce que tu peux te sentir très seule quand tu te lances en affaires. D’un point de vue personnel, j’ai un chum merveilleux, il s’occupe tellement bien de moi et il est super compréhensif. Professionnellement, j’ai réuni des gens qui ont des outils complémentaires aux miens, des forces que je n’ai pas. Ce n’est pas vrai que j’ai parti l’entreprise «toute seule». Avec une équipe solide, tu peux tout accomplir.

Robe Oneself disponible sur Station Service | Photo Melika Dez

Qu’est-ce que tu aimes le plus et le moins dans le fait d’être ta propre boss?

Je me rends compte que… je ne suis pas une boss! Je suis plus une leader. Je travaille de façon linéaire et non hiérarchique. Je préfère la collaboration et l’échange d’idées. Je vais demander l’avis des autres, même si le dernier mot me revient.

Ce que j’aime moins est que je me mets beaucoup de pression. Je m’impose des contraintes super intenses pour montrer l’exemple. J’ai l’impression que je dois beaucoup à mon équipe. Quand ils sont ici, je me dis que je dois absolument être avec eux, que je ne peux pas me booker des meetings à l’extérieur du bureau. Mais, en toute honnêteté, je pourrais ne pas être là. La réalité est que, même si je suis ma propre boss, mon équipe dépend de moi alors je ne peux pas faire comme bon me semble.

Ce que j’aime est quand je réalise que je suis ma propre boss, je suis comme «nice»! Des fois, j’ai un événement et j’oublie que je peux emprunter des vêtements de ma propre compagnie. J’aimerais ça me féliciter plus souvent, sans devenir tête enflée non plus.

As-tu des downs professionnels parfois et si oui, comment te remets-tu sur pieds?

L’automne dernier, j’ai tellement travaillé que, au retour des vacances de Noël, ça ne me tentait pas de recommencer. J’étais épuisée, même si je suis une fille très positive à la base. Je me suis donné le droit de prendre ça relax et de m’enlever de la pression. J’ai pris du temps pour moi, je me suis rebâtie personnellement pour être capable de mener mon équipe et de faire grandir la compagnie. C’était vraiment été une période de selfcare dans laquelle je suis encore.

stationservice.co

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