Mon père te donne 10 conseils sur la vie

Mon père, Luc, est l’objet de beaucoup de curiosité dans mon entourage. Ceux qui ne le connaissent pas veulent le rencontrer et ceux qui l’ont croisé ne l’oublient certainement pas. 

Mon père, c’est lui qui m’a fait découvrir Goldfrapp, Ladytron et Peaches quand j’étais ado. C’est aussi lui qui participe aux Puces Pop, LA foire hipster du Mile-End, depuis deux ans pour vendre ses jeux de quilles Lükky qu’il fabrique lui-même. C’est lui qui réécrit des livres pour enfants au complet pour créer des versions ridicules et semi politcally correct. C’est lui qui a complètement changé de carrière à 47 ans. C’est lui qui est marié avec ma mère (qu’il appelle encore «sa blonde») depuis bientôt 40 ans. C’est lui qui a survécu entouré d’une famille 100% féminine (ma mère, mes deux soeurs et moi). 

C’est lui qui a appris deux ou trois petits trucs sur la vie et qui va les partager maintenant avec toi.

P.S.: Bonne fête des pères à tous les cool dads de ce monde!

L’amour

Quand j’aime, j’aime. J’ai « spotté» ma blonde, il y a 49 ans. J’étais en secondaire V et, pour la première fois de ma vie, je me trouvais dans une école mixte. Auparavant, j’étais dans une école privée classique, dirigée par des Jésuites, à Montréal.  Ce fut une année de découvertes sensorielles : les filles, les cheveux longs comme les Beatles, la drogue et j’en passe.

Malheureusement pour moi, en 1969, ma blonde avait un chum. Je suis devenu leur ami et de fil en aiguille (je devrais plutôt dire de caresses de main en lettres d’amour passionnées), je suis devenu officiellement son chum en 1977. J’ai dû attendre 8 ans. Mais l’attente en a valu hautement la peine. Je suis une personne fidèle et dévouée. Le dicton que nous avons appliqué à la lettre : ne jamais prendre l’autre pour acquis.

La famille

La famille, c’est comme une gang liée par le sang. Mes trois filles sont comme les prunelles de mes yeux. Vous pourriez dire que nous sommes inséparables comme un quintette (même si je ne suis pas très porté sur le jazz ni sur la musique de chambre). 

Ma blonde et moi les avons élevées comme des enfants et non comme des filles. On jouait au baseball, au hockey, aux Lego, aux Playmobil, on glissait sur des pentes en luge, on allait chez Renaud-Bray à 22 h les samedis soirs pour voir les livres et les jouets. 

J’adore ma famille. Je ferais tout pour les aider (sauf que maintenant, je m’abstiens de déménager des boîtes de livres trop lourdes d’un troisième étage à un autre deux fois par année), les protéger, les écouter et les encourager. 

D’ailleurs, je tiens à préciser que mes trois filles ont reçu un cadeau lorsqu’elles ont volé de leurs propres ailes la première fois. Chacune a obtenu un coffre rempli d’outils indispensables de façon à ce qu’elles apprennent à se débrouiller et à me donner du temps de libre les fins de semaine pour aller courir les ventes de garage.

Le travail 

J’ai toujours détesté travailler. Travailler, pour moi, a toujours été un moyen d’amasser des sous pour pouvoir faire ce que je voulais. Je n’ai jamais été malheureux dans mon travail — je prenais plaisir à faire ce que j’avais à faire. Par contre, une fois la journée terminée, je courais à la maison pour bricoler, dessiner, écrire, fabriquer des choses, regarder des films inconnus, etc. 

Je dois avouer que j’ai été chanceux de travailler en publicité, mon premier emploi sérieux. Je n’avais aucune expérience et je faisais une faute aux deux mots. À force de persévérance, j’ai bien réussi, d’autant plus que nous n’avions pas le choix : nous étions parents de trois enfants. Je voulais leur assurer une vie stable, agréable et remplie de surprises. 

Il en fut de même pour mon 2e emploi sérieux : l’enseignement. J’ai commencé à enseigner à 46 ans, encore sans expérience, 24 ans après avoir obtenu mon BAC. Ça n’a pas été facile. Une chose est sûre: quand j’embarque dans quelque chose, je le fais à fond et je fais toujours du mieux que je peux.

Le style

J’ai commencé à porter des vêtements de friperies avant même que les friperies n’existent, en 1969, à l’âge de 15 ans. Client assidu de l’Armée du salut, j’arrivais toujours à dénicher, à des prix dérisoires, des vêtements originaux que personne n’avait. Maintenant, à 64 ans, je porte principalement des t-shirts, au dernier décompte j’en avais 128, des jeans noirs ou bleus, un manteau en jean ou en cuir Avirex et des Doc Martens (noirs, bruns ou avec le drapeau de l’Angleterre).

J’aime être original et différent. J’aime qu’on me remarque même si ma tenue n’est pas des plus remarquables. Je cherche des choses durables, qui se portaient il y a 30 ans et qui se portent encore aujourd’hui. J’ai même déjà fait du ski avec un casque d’aviateur en cuir brun  de la Deuxième Guerre mondiale qui provenait d’un surplus d’armée. Je dévalais les pentes à toute vitesse (je ne savais pas tourner) pendant que les cache-oreilles se faisaient aller sur les côtés.  Un pur plaisir !

L’amitié

L’amitié, c’est pratiquement comme l’amour mais sans les rapports sexuels. J’aime profondément mes amis. Je ferais tout pour les rendre heureux, pour les dépanner, pour les accompagner. Comme vous pouvez vous en douter, je n’ai pas beaucoup d’amis. Et c’est parfait comme ça. Mes meilleures amies demeurent ma blonde et mes filles. Il est très important pour moi de faire rire les gens qui m’entourent. Je ne force jamais la note par contre.

J’ai perdu quelques bons amis au cours de ma vie. Pas parce qu’ils sont décédés, mais parce qu’ils avaient de sérieux ennuis d’argent. L’argent, c’est toujours un problème. Ça me fait plaisir de te fabriquer un meuble ou d’aller au marché aux puces et de payer l’essence mais ne me demande pas de l’argent pour acheter de la peinture pour tes murs. 

Je suis toujours prêt à rendre service à mes ami(e)s, mais un jour viendra où ce sera à mon tour de leur demander un service (ce que je demande rarement). J’espère alors qu’ils me le rendront, parce que je suis très, très rancunier.

La confiance en soi

La confiance en soi, c’est très fragile. La meilleure façon de se faire confiance est de bien se préparer et d’entreprendre des choses qui sont à notre portée. 

J’ai travaillé 20 ans en publicité. C’était un milieu très exigeant et tellement subjectif. Un jour, tu es le meilleur rédacteur publicitaire au monde et le lendemain tout est à recommencer. 

Pour être honnête, j’ai souvent appris sur le tas. J’ai fait des meubles sans avoir suivi un cours. J’ai été rédacteur publicitaire alors que je ne savais pas écrire, j’ai été enseignant au primaire alors que j’avais fini mon bac 24 ans auparavant. 

Tout s’apprend. Il s’agit d’y mettre le temps et les efforts. Chaque chose que tu fais, chaque cours que tu suis, deviendra un jour utile. Tout ça fait partie de ton bagage. C’est comme si tu avais un coffre à outils que tu remplis année après année. Un jour, un outil que tu as depuis longtemps te sera utile. Ton coffre à outils est sans fond; il n’y a pas de limite à ce que tu peux mettre dedans.

L’humour

J’aime beaucoup tourner au ridicule des situations dramatiques. J’ai beaucoup de difficulté à garder mon sérieux lors d’une discussion qui s’éternise. Lorsque je me trouve dans une église, un salon funéraire, au musée, dans une bibliothèque, j’ai juste le goût de dire des choses pour faire rire. Le silence m’exaspère.

J’ai découvert l’humour en regardant les films des Marx Brothers que ma mère me traduisait — elle se débrouillait très bien anglais. Vint ensuite W. C. Fields, Paul et Paul, Steve Martin, les premières années de SNL et j’en passe. Dernièrement, je suis attiré par les mauvais films. Des films tellement mauvais qu’ils sont drôles (des scénarios poches, des acteurs poches, des budgets inexistants, etc.).  L’humour m’aide à retrouver un équilibre dans un monde rempli d’horreurs.

La créativité

Jusqu’au CÉGEP, j’étais un garçon comme les autres, plate, incolore, sans histoire. Dans le cadre d’un cours sur la littérature fantastique (j’étudiais en études littéraires), j’ai découvert le surréalisme en textes et en images. La révélation ! J’étais fasciné par le côté imprévisible du surréalisme (cadavres exquis entre autres). J’ai commencé par dessiner même si je n’avais aucun talent. Je parvenais à me créer un monde imaginaire qui me plaisait. 

Aujourd’hui, j’aime tout ce qui est imprévisible. J’écris beaucoup de niaiseries: je parodie des livres pour enfants, je change les textes de romans-photos, je tourne au ridicule des articles de journaux en changeant les titres, etc.. Mes 20 ans en publicité m’ont aidé à apprendre à écrire et, surtout, à jouer avec les mots. 

Je fabrique également des objets à partir de matériaux recyclés. Encore une fois, l’imprévisibilité joue un rôle important, parce que je ne sais jamais ce que je vais trouver dans les cours à « scrap ». Je n’aime pas faire les mêmes choses deux fois. De là l’importance de l’originalité. 

L’argent

Pour moi, l’argent n’a pas une très grande importance. Le but est simplement d’avoir une certaine liberté financière pour pouvoir faire ce que j’aime ou acheter ce qui m’inspire. 

Dès l’âge de 15 ans, une partie de ma garde-robe provenait de l’Armée du salut. Adolescent, avec peu d’argent, ça a été le moyen idéal pour me démarquer quand je suis passé d’un collège classique pour garçons seulement à une école mixte. Quelle merveilleuse découverte! Je voulais me différencier pour attirer le regard des filles. 

En tant que couple, on a toujours été raisonnable côté monétaire. Je n’ai jamais été très fort sur le crédit. À une époque, je fabriquais plusieurs de nos meubles faute d’argent. J’ai donc développé mes talents de bricoleur et je suis devenu un adepte des friperies afin de pouvoir offrir de superbes cadeaux à Noël à ma blonde et à mes enfants. Ça m’a aussi permis de passer des belles vacances au bord de la mer dans le Maine ou dans le chalet que mon frère nous prêtait gratuitement. Merci Daniel.

Le bonheur

Le bonheur, c’est tellement simple que plusieurs n’arrivent pas à le trouver. Pour moi, un des plus grands bonheurs est d’entendre rire quelqu’un suite à une de mes jokes…aussi poches soient-elles. 

Par les temps qui courent, le bonheur est quotidien. Je suis avec ma blonde «day in, day out», je bricole jusqu’à épuisement, je rends service à mes filles et à mes amies, j’écris des niaiseries, je fais rire les élèves lorsque je fais de la suppléance, je fais les marchés aux puces, les centres de recyclage comme Arté et De tout pour tout.

Je fabrique également des jeux de quilles (Lükky) depuis 3 ans suite à une suggestion de ma fille Justine qui habite trop loin à mon goût, Paris plus précisément. Dans tout ce que je fais, j’essaie de ne pas me répéter et j’aime que les choses durent, durent et durent.  

En résumé, le bonheur c’est de faire ce que tu aimes. Si tu n’es pas heureux, change tes habitudes… don’t worry, be happy!

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2 commentaires

  1. Quel merveilleux conseils !! Je sais tellement combien ce n’est pas de la « bull shit »…. Luc un jour, Luc toujours…. J’ai passé avec vous (Luc, Micheline et mes petites Paquet adorées) parmis les plus beaux moments de ma vie, d’amitié vraie, de rires, de pleures, d’entraide….Vous avez été marquants et précieux pour moi, je vous aime et…..vous me manquez. Pour toi Luc: ;)) …
    De: La fille de ville de gars de chars 😁😁😁😂

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