3 amoureuses du design nous jasent de leur tout premier appartement

Londres, septembre 2010.

Je suis dans la cafétéria de mon auberge de jeunesse, un journal local dans une main et mon flip phone dans l’autre. Je scanne les petites annonces pour me trouver un appartement pour les trois prochains mois. 

Tu vois, le truc c’est que je commence un cours dans une semaine à Central St. Martins et que, pour l’instant, j’habite dans une chambre que je partage avec trois autres filles et mes deux valises: une remplie de vêtements et une, de fournitures scolaires. À défaut d’avoir pu me trouver un flat à distance, je dois faire ça sur place. Pas stressant pantoute. 

J’appelle plein de numéros, je ne comprends rien. L’accent britannique n’est pas facile à comprendre, surtout quand t’es une francophone qui appelle d’un téléphone préhistorique et que tu es entourée d’une gang de gars de l’Europe de l’Est encore chauds de la veille.

J’ai 20 ans et c’est la première fois que je quitte le nid familial longueuillois. Rushant, tu dis? 

J’ai été chanceuse: le premier que j’ai vu, c’est lui que j’ai pris. C’était une chambre parmi quatre autres dans une maison à côté de Notting Hill. Elle était chère, genre 1100$ CAN par mois, mais j’étais désespérée. Quand tu t’apprêtes à commencer l’épisode scolaire le plus stressant de ta vie, il te faut une place où t’installer, pis ça presse.

Tout le monde a une histoire de premier appartement, bonne ou mauvaise. Je sais qu’on devient légalement adulte à 18 ans, mais je trouve que symboliquement, c’est en déménageant dans notre premier appart que ce changement s’opère.

En cette saison de déménagement, j’ai demandé à trois filles qui habitent toutes dans des logements dignes du magazine Dwell de nous jaser de leur première expérience; de la place où tout a commencé. 

LE PREMIER APPARTEMENT DE: JEANNE RONDEAU-DUCHARME

Âge au déménagement: 23 ans

Quartier: Villeray

Grandeur: Un petit 4 1/2

Prix: 820 $

Durée de la location: 3 ans

Habitation: En couple

Photo: @jeannemap

Comment l’as-tu trouvé?

Je viens de Québec et je m’étais full fait vanter Villeray. J’étais beaucoup plus orientée «quartier» que «avoir l’appart de mes rêves». Je voulais me donner une chance d’aimer la ville dès mon arrivée, même si je savais déjà que j’allais aimer ça. 

Mon deuxième critère était qu’il soit clean, pas déglingué mettons. Je ne voulais pas qu’il soit nécessairement rénové style condo, mais je ne voulais pas voir des trous d’où auraient pu sortir des souris.

Après en avoir visité trois ou quatre, on a finalement trouvé celui-là, où habitait l’ami d’un ami.

Photo: @jeannemap

À quoi ressemblait la déco?

Pour mon premier appart, laisse-moi te dire que je suis un peu virée folle avec les DIY Pinterest! J’étais très guirlandes et lumières. J’avais fabriqué des fanions en carte du monde et une espèce d’étagère en petite cabane de bois. C’était full cute.

C’est vraiment drôle, parce que normalement, ton premier appartement est «bof» et après tu t’améliores. Moi c’est complètement le contraire! Mise en contexte: j’étais en couple et j’avais vraiment une vie plus casanière. C’était important pour moi que ce soit beau chez nous.

Je me suis séparée de mon copain dans notre deuxième appart et après, mon lifestyle a changé. Je suis vraiment moins chez moi qu’avant, alors mes dépenses vont plus dans les sorties au resto, dans les bars et les voyages, mais je sais que, fondamentalement, je suis vraiment une fille de maison. Pour l’instant, j’accepte que mon appartement actuel ne soit pas parfait, parce que j’ai un autre genre de vie.

Photo: @jeannemap

As-tu une anecdote particulière à cet appartement?

Mon amie Sarah Babineau (@kara_bino) était en échange à l’étranger et se cherchait un appart à distance avec son chum pour son retour à Montréal. Ça tombait bien: celui de mon voisin était libre. Alors on a été voisines de terrasse pendant un an! Après ça, j’ai déménagé avec mon ex-copain dans l’appart où j’habite maintenant seule et devine qui va le prendre quand je vais déménager le 1er juillet? Sarah et son chum!

Est-ce qu’il y a des trucs que tu as trouvé difficiles quand tu es partie de chez tes parents?

J’avais quand même 23 ans, je me sentais vraiment outillée et prête. Je ne partais pas seule; je partais quand même avec mon chum et lui était de Montréal. Je me rappellerai toujours du départ par contre: il s’est fait dans les larmes avec mes parents, alors que je m’apprêtais à prendre l’auto pour conduire vers Montréal. Ça a été quand même difficile, mais j’étais rendue là. 

Photo: @jeannemap

As-tu un conseil pour les gens qui déménagent en appartement pour la première fois?

Prends soin de ton appart. Tu veux arriver dans un lieu où tu te sens safe et où tu peux refaire ton cocon. Je partais vraiment d’un bel environnement chez mes parents, et j’avais le goût de le reproduire dans mon appart. Avoir une «maison» à moi.

Aussi, quand tu déménages en couple, c’est important que les deux s’impliquent dans la création de ce petit cocon-là. Pour moi, un appartement, c’est un projet de couple. Même si les filles sont plus naturellement poussées vers la déco, implique ton chum. Trouve-lui une manière de participer. La vie tourne, mais il faut s’arrêter deux secondes et prendre le temps. 

LE PREMIER APPARTEMENT DE: AUDREY HUBERT

Âge au déménagement: 19 ans

Quartier: Plateau Mont-Royal

Grandeur: 2 1/2 au rez-de-jardin

Prix: 600 $

Durée de la location: 1 an

Habitation: Seule

Photo: @audreyhubert

Comment l’as-tu trouvé?

Je viens de Tremblant, mais j’ai habité deux ans en résidence à Montréal avant d’emménager dans mon premier appartement. Dès le départ, je savais dans quel quartier je voulais habiter.

J’en ai visité trois avant de trouver celui-là sur Kijiji. Il était minuscule, mais il venait d’être rénové. Ça a été un coup de coeur instantané — la petite affaire qu’il me fallait pour commencer ma vie. 

Photo: @audreyhubert

Côté déco, ça ressemblait à quoi?

J’avais des meubles qui venaient de chez mes parents et sinon, tout était blanc, genre too much blanc. J’avais un sofa blanc, si tu savais la quantité de traces de chocolat qu’il y avait dessus…

J’avais aussi une vanité que j’avais trouvée à Tremblant dans une vente de garage pour 10 $ et je l’ai revampée avec ma mère: toute peinte en blanc (évidemment!) avec des poignées de chez V de V.

Un autre truc que j’aimais vraiment, en plus de la luminosité, était les plancher en bois super pâle. Ils craquaient et j’adorais ça. 

Photo: @audreyhubert

Recevais-tu beaucoup chez toi?

Dans ce temps-là, j’étais plus du genre à aller chez les autres. C’était petit et je n’avais pas de table à manger avec plein de chaises. C’est une raison pour laquelle j’ai éventuellement déménagé, je voulais pouvoir recevoir mes amies chez moi.

As-tu une anecdote spécifique à cet appartement?

J’en ai deux. J’ai eu des espèces de mille-pattes tout un été. Tu sais, ceux avec un gros corps? J’en ai déjà vu 12 en une semaine… Je capotais.

L’autre anecdote a vraiment confirmé que je devais changer de quartier. Une nuit, à 2h du matin, je dormais et un bruit m’a réveillée. Je pensais que c’était un animal, pour finalement réaliser que c’était deux personnes en train de faire l’amour sur mon mur. Il faisait 30ºC, ma fenêtre était grande ouverte. Ça a duré un bon 45 minutes. J’ai appris de mes erreurs: j’habite maintenant au troisième étage.

Est-ce qu’il y a des trucs que tu as trouvé difficiles quand tu es partie de chez tes parents? Tellement pas! Je suis partie à 17 ans (en résidence) et c’était ma décision. J’étais trop contente d’habiter toute seule.

Photo: @audreyhubert

Est-ce qu’il y a un conseil que tu aurais aimé recevoir avant de déménager?

Vérifier certains trucs quand tu visites un appart, comme les fenêtres ou les calorifères. Ils sont peut-être vraiment cute, mais est-ce qu’ils fonctionnent? Pars la douche pour vérifier la pression. Pendant une année, je n’ai pas réussi à me laver les cheveux correctement parce qu’elle était trop faible. 

LE PREMIER APPARTEMENT DE: LAUREN MACLEAN

Âge au déménagement: 31 ans

Quartier: Vieux-Montréal

Grandeur: 450 pieds carrés

Prix: 850 $

Durée de la location: 1 an et demi (pour ensuite déménager de l’autre côté du couloir)

Habitation: Seule

Photo: @livingbylo

Comment as-tu trouvé ton premier appartement?

Je planifiais déménager à Montréal depuis un moment, alors je regardais régulièrement les petites annonces. Cet appartement était libre et, un week-end, quand mon amie et moi étions en visite, nous avons décidé d’y jeter un coup d’oeil. Je suis tombée en amour automatiquement, mais comme je n’avais pas d’opportunité professionnelle pour justifier un déménagement, j’ai dû le laisser aller! À ma grande surprise, la semaine suivante, j’ai reçu une offre d’emploi qui m’a permis de me relocaliser à Montréal. J’ai aussitôt rappelé l’agent immobilier et j’ai signé le bail!

J’étais très insécure, parce que l’espace était tellement restreint: une seule pièce ouverte avec une petite partie réservée pour la cuisine, une minuscule salle de bain et aucune garde-robe. Même si j’avais déjà vu l’endroit vide, c’était difficile d’imaginer y rentrer tout ce dont j’avais besoin. Alors j’ai décidé de prendre un train de Toronto pour revoir l’appartement une dernière fois avant d’y emménager. J’y suis allée avec un bloc notes, un ruban à mesurer et quelques mesures de base pour des meubles comme un lit, un sofa et une table.

Ce n’était pas une approche traditionnelle! Mais ça m’a donné la paix d’esprit nécessaire avant d’embarquer dans un U-Haul et de faire le grand saut.

Photo: @livingbylo

À quoi ressemblait la déco?

J’ai d’abord choisi ce mini studio pour son charme architectural. C’est beaucoup plus important que la grandeur selon moi. Il ressemblait à un vieil appartement parisien avec des planchers en bois, des plafonds de 15 pieds et des fenêtres immenses avec d’anciens volets.

Dans un appartement aussi petit, je tenais à prendre certains risques. Quand tu n’as aucun espace de rangement, tu te sens obligée de faire des choix bien pensés, comme trouver des meubles à double usage, mais je n’avais pas envie de remplir ma maison de cette manière. J’ai donc accepté l’idée de vivre de façon minimaliste. J’ai commencé avec très peu: j’ai déménagé à Montréal avec seulement un sofa, un lit et des vêtements d’hiver. Je ne voulais pas meubler mon appartement juste pour qu’il ait l’air «fini», alors j’ai vraiment pris mon temps pour m’approprier la déco. Les objets prennent une toute autre valeur quand tu consommes d’un point de vue minimaliste.

Pour compléter le design vieillot, j’ai ajouté des accents modernes pour créer une juxtaposition intéressante. J’ai opté pour une palette de couleur douce et neutre en guise de fil conducteur. J’ai aussi installé quelques pièces phares sans compromettre l’espace physique, comme de grandes toiles sur les murs ou de jolis luminaires accrochés au plafond. Je n’avais pas envie que la grandeur de mon appartement dicte la déco, alors j’ai brisé quelques règles pour mettre en place un espace à mon image. 

Photo: @livingbylo

As-tu une anecdote spécifique à cet appartement?

Quand j’ai déménagé, j’étais à la recherche d’art mural et on m’a mise en contact avec Lysa Jordan, une artiste d’ici. Elle est venue visiter mon appartement et a ensuite créé deux toiles sur-mesure pour moi. C’était très spécial parce que, étant nouvelle dans la ville, je voulais des pièces qui reflétaient mon expérience. Je suis tombée en amour avec ces deux oeuvres visuellement, mais je les adore aussi pour l’histoire qu’elles racontent. Cette expérience a donné naissance à une amitié qui, comme les toiles, m’accompagne encore aujourd’hui!

Est-ce qu’il y a des trucs que tu as trouvé difficiles dans le fait d’habiter seule pour la première fois?

Hum, non. Peut-être juste de n’avoir personne pour tuer les araignées, mais autrement, j’ai adoré vivre seule. C’est tellement une étape importante dans la vie: apprendre sur soi en étant seule. Je suis un peu introvertie naturellement, alors l’ajustement était possiblement plus facile.

Photo: @livingbylo

As-tu un conseil pour les gens qui déménagent en appartement pour la première fois?

Repartir à zéro aide vraiment à créer une expérience spéciale. Vivre dans l’espace d’abord et ensuite meubler et décorer au fil du temps m’a permis de connecter avec mon chez-moi au lieu d’avoir l’impression d’emménager chez quelqu’un d’autre. Faire de petits projets comme de la peinture ou des DIY ou adopter des plantes! Je pense que notre environnement a réellement le pouvoir d’influencer notre état d’esprit, alors c’est important d’y inclure une touche personnelle.

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