La vie d’entrepreneure: J’ai jasé avec la fondatrice de Silk Laundry

Il y a certaines personnes à qui tout semble venir naturellement. Ce n’est pas que ce qu’elles font est particulièrement facile. Même le contraire. C’est plutôt qu’elles semblent avoir atteint un parfait équilibre entre passion, productivité et repos. Katie Kolodinski est l’une de ces super-humains. 

Née en Ontario, elle a déménagé 26 fois. En plus de son diplôme en psychologie, elle a étudié la dorure, l’encadrement, l’acupuncture et une foule d’autres pratiques que je pourrais vous énumérer pendant des heures. Elle a passé les 18 dernières années en Australie. Et dans la folie de mettre au monde deux enfants, elle a aussi trouvé le temps de lancer Silk Laundry, une marque de vêtements tout luxe où la soie est reine.

Australian brand Silk Laundry worn by Very Joëlle and photo taken by Naomie Tremblay.
Haut et jupe par Silk Laundry

Officiellement revenue au Canada, plus précisément à Montréal, avec son mari Reese et leurs deux enfants—elle souhaitait qu’ils soient parfaitement bilingues, d’où son retour—, elle m’a accueillie dans sa magnifique boutique de Saint-Henri pour jaser mode. De ses fameuses slip dresses à son processus créatif (indice: il est question des oeuvres d’art de ses enfants), sans oublier quelques astuces pour travailler 24/7 avec son amoureux, Katie est incroyablement inspirante et terre à terre à la fois. Une combinaison toute aussi précieuse que ses vêtements, quoi!

Parle-moi de ton parcours.

Ma vie est un peu hors du commun. J’ai toujours voulu toucher à une foule de choses! J’ai un baccalauréat en psychologie. J’ai aussi étudié la dorure, l’encadrement, le design intérieur, l’illustration de mode et l’acupuncture. J’ai travaillé dans les boutiques et j’ai été styliste dans une agence de mannequins. Aussi éparpillée que ma vie peut sembler, j’ai l’impression que chaque décision m’a menée où je suis maintenant.

Ce qui m’amène à Silk Laundry. Comment la compagnie est-elle née?

J’ai des photos de moi à 21 ans, quand j’habitais en Australie, et je portais presque exclusivement des slip dresses, surtout vintage. Conséquemment, plusieurs d’entre elles étaient coupées dans des tissus horribles, comme du polyester, qui est particulièrement désagréable quand tu as chaud facilement. J’ai alors voulu me trouver des modèles en soie, mais c’était pratiquement impossible. Il y avait clairement une pénurie pour ce type de vêtements, alors j’ai lancé Silk Laundry en 2014, environ un an après avoir accouché de mon premier garçon. C’était une mini collection de cinq pièces, exclusivement en noir, blanc et merlot.

Aujourd’hui, notre notre siège social est toujours en Australie, où la majorité de mes employés travaillent. C’est notre centre de distribution internationale. On opère aussi deux boutiques là-bas. Ici, à Montréal, on s’occupe de la vente en ligne au Canada et de notre boutique, évidemment. 

Australian brand Silk Laundry worn by Very Joëlle and photo taken by Naomie Tremblay.
Robe par Silk Laundry

Qu’est-ce qu’il y a de particulier avec la soie que tu utilises?

La plupart de mes soies sont lavées à la pierre, ce qui leur donne une texture veloutée et très douce. La soie satinée, qu’on voit plus fréquemment, peut parfois ressembler à du polyester et, au début, je voulais à tout prix éviter la confusion. Mais j’ai élargi mes horizons depuis. On a maintenant un blazer et un pantalon coupé sur le biais en satin de soie. 

Quelle est l’histoire de la boutique dans laquelle on se trouve en ce moment?

Peu de temps après avoir déménagé à Montréal, mon mari et moi sommes allés souper au Vin Papillon. C’est après, en se promenant sur Notre-Dame, qu’on a aperçu l’insigne «À louer». On a appelé le propriétaire le lendemain et il nous a dit qu’il venait tout juste d’installer la pancarte. Nous ne recherchions pas activement d’espace. Il nous est un peu tombé dessus par hasard. 

Quant au design, c’est la mère de ma gardienne qui s’en est chargée. On a opté pour un esthétisme très simple pour que les vêtements puissent briller d’eux-mêmes. Il y aussi beaucoup d’éléments naturels, comme la pierre, le métal, le ciment et un énorme arrangement floral qu’on a installé dans les cabines d’essayage.

Australian brand Silk Laundry worn by Very Joëlle and photo taken by Naomie Tremblay.
Veston par Silk Laundry

À quoi ressemble ton processus créatif, considérant que l’ADN de ta marque est plutôt ancré dans la simplicité?

Je suis vraiment inspirée par les couleurs, souvent par celles que mes enfants utilisent dans leurs dessins. Je ne suis pas vraiment intéressée par les tendances du moment. Pour les silhouettes, j’aime puiser dans le passé. Je préfère réinterpréter certains éléments de vêtements vintage et me les réapproprier de manière plus moderne.

Le confort est aussi primordial pour moi. Il n’y a rien de pire qu’un haut ou un pantalon trop serré. Je dois littéralement pouvoir dormir dans mes vêtements sans avoir envie de les déchirer en plein milieu de la nuit. Je veux que les gens s’y sentent aussi confortables que dans leurs vêtements de gym, mais en plus beaux. 

Silk Laundry est reconnue pour ses slip dresses. Quelle est ta manière préférée de les porter? 

J’aime superposer les imprimés, alors je porte souvent une slip dress sous une de nos chemises boyfriend, les deux coupées dans le même motif. En hiver, je vais plutôt l’agencer à un gros tricot avec des collants et une paire de bottes.

Australian brand Silk Laundry worn by Very Joëlle and photo taken by Naomie Tremblay.
Robe par Silk Laundry

As-tu toujours voulu te lancer en affaires?

C’est plus Reese, mon mari, qui a réveillé l’entrepreneure en moi. Instinctivement, je suis plutôt peureuse en fait. Quand nous avons embauché notre premier employé [ils en comptent maintenant 14], tout ce que je me disais était «comment allons-nous réussir à payer cette personne?». Reese est très entêté, il trouve toujours une solution pour tout. Je suis plus du type créatif. J’ai plein d’idées, mais les exécuter n’est pas ma force. Silk Laundry existerait peut-être sans lui, mais ce serait certainement plus petit. 

Parlant de ton mari, as-tu des trucs pour travailler avec ta douce moitié sans que ça ne tourne au vinaigre?

C’est la première fois qu’on est dans le même bureau, assis côte à côte. Quand on était en Australie, nous travaillions sur deux étages différents, alors on ne se parlait pas vraiment pendant les heures de travail. Maintenant qu’on est physiquement plus proche, on se dispute plus fréquemment, mais ça fonctionne quand même. On est devenu plus forts avec les années, on se comprend mieux. Mais reste qu’on parle presqu’exclusivement de travail ensemble, du matin au soir. Ça peut paraître triste, mais en même temps, ça fonctionne pour nous.

Australian brand Silk Laundry worn by Very Joëlle and photo taken by Naomie Tremblay.
Haut et jupe par Silk Laundry

Alors vous n’avez pas une règle qui interdit de parler de travail à la maison par exemple?

Oh non, ça ne fonctionnerait jamais! Mais j’essaie de ne pas sortir mon cellulaire quand on est ensemble ou avec les enfants. Et même si on se voit tous les jours, on se donne quand même le devoir de s’organiser des dates tous les lundis et vendredis.

À quoi ressemble la réalité d’une femme entrepreneure et mère de deux enfants?

Quand mon deuxième est né, je n’ai pris qu’une semaine de congé. Dans ce temps-là, mon bureau était sous notre maison, alors j’ai littéralement travaillé la veille de mon accouchement. Un mois après sa naissance, je l’amenais sur des séances photos avec moi. La réalité est que je ne peux pas vraiment arrêter. Mes enfants sont habitués à ce genre de vie. Il arrive que mon plus vieux m’accompagne sur des photoshoots et il me donne son avis sur les robes, les tissus et les imprimés.

Mais par exemple, hier, mon plus jeune était malade, alors j’ai dû rester à la maison. Puisque j’essaie de ne pas sortir mon ordinateur devant mes enfants, je n’ai pas vraiment pu travailler. Alors à 20h00, quand les deux se sont couchés, j’ai dû travailler jusqu’à 1h du matin. Je ne dirais pas que la maternité a un impact négatif sur mon travail. Ça fait juste que je travaille à des drôles d’heures… et que je suis vraiment fatiguée!

Mais quand je suis avec eux, c’est comme mon temps off. La semaine, ils n’ont pas le droit de regarder la télé, alors on fait de l’aquarelle, de la peinture et des dessins. Ça me change les idées et ça nous permet de passer du temps de qualité ensemble.

Australian brand Silk Laundry worn by Very Joëlle and photo taken by Naomie Tremblay.
Veston par Silk Laundry

Que réserve le futur pour Silk Laundry?

Éventuellement, j’aimerais avoir des boutiques dans les grandes villes mode, comme Los Angeles, New York, Paris et Barcelone. Mon objectif n’est pas nécessairement d’être à la tête d’une énorme entreprise, mais je suis curieuse de voir où cette aventure me mènera. Je n’ai jamais bâti Silk Laundry dans le but de la vendre. J’adore vraiment ce que je fais. Je ne sais pas ce que je ferais si je ne l’avais pas. 

PHOTOS PAR NAOMIE TREMBLAY


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