Fun fact: J’ai fait mes études en design de mode. Jusqu’à 23 ans, je voulais être directrice artistique d’une grande maison. Genre Stella McCartney. Rien de moins.
Pourquoi avoir mis fin à ces aspirations professionnelles? La réponse dans un prochain post! Ou chez mon futur psy, c’est selon. Joke. Semi-joke. En tout cas! C’est pas ça mon point.
Ce que j’essaie de dire est qu’en plus d’être rédactrice/journaliste, je suis aussi une grande passionnée de design.
Donc quand Jade Boutilier, fondatrice de la compagnie de bijoux montréalaise Captve, m’a proposé de collaborer à la création d’une bague sur mesure *, la petite Stella en moi s’est dit «GO FOR IT GIRL».
La création d’une bague sur mesure
Un peu avant les fêtes, je suis donc allée à sa rencontre dans son atelier du Mile-Ex. Première impression: Jade est un amour! Je suis restée là deux heures. Ça doit être sa vibe chaleureuse de la west coast (de la Colombie-Britannique pour être exacte). On a jasé de son parcours, de ses inspirations, de pierres précieuses et, évidemment, du design de ma précieuse bague.
Pour celles qui ne connaissent pas Captve, c’est une marque qui ressort un peu du lot. Pourquoi? Parce que ce n’est pas du tout minimaliste. (J’adore le minimalisme, soit dit en passant, mais c’est quand même un style qu’on voit beaucoup dernièrement.)
En fait, l’univers de Jade est plutôt marqué par des références surréalistes, des formes organiques, des détails inattendus et des couleurs lumineuses. Un esthétisme qu’on s’est assurées de transposer dans ma bague.
Inspirées par sa collection Ruin, on a opté pour une forme qui ressemble à une explosion de pierres en or, très raw et irrégulière. Au centre, il y a trois tourmalines de grosseurs différentes, dans le plus beau vert olive qui soit.
Quelques semaines plus tard, ce petit chef d’oeuvre ornait ma belle main sèche d’hiver.
Dire que je suis en amour est un euphémisme. Je la porte non-stop depuis. Douche, vaisselle, jogging, dodo, elle est à un doigt (hehe) de fusionner avec mon majeur.
Avec mon coup de coeur fulgurant autant pour la femme que la compagnie, je me suis dit que je me devais de partager cette belle découverte avec vous. Envie de faire la rencontre de Jade? Ça tombe bien. Je lui ai posé quelques questions.
Parle-moi de toi. D’où viens-tu? Pourquoi avoir fondé Captve?
J’ai grandi dans une ville côtière de la Colombie-Britannique et j’ai passé mes années d’adolescence rebelle à Guelph, en Ontario. La mode était déjà un moyen d’expression pour moi. Je portais des colliers avec des breloques de marguerites et je découpais mes propres t-shirts.
Quand j’ai déménagé à Toronto en 2008 pour étudier à l’Ontario College of Art & Design University, je savais que je voulais me spécialiser en Joaillerie ou en Design textile. Mais rapidement, j’ai réalisé que j’avais beaucoup plus de patience pour l’orfèvrerie que pour la couture.

Durant ma troisième année d’université, je suis allée étudier à Florence en Italie. C’est là que la joaillerie s’est vraiment confirmée pour moi. Florence est une ville tellement romantique! Marcher sur les rues pavées et être constamment entourée de chefs-d’oeuvre de la Renaissance, en route vers mon atelier.
C’est aussi là que je suis tombée en amour avec la technique de la cire perdue. Un procédé ancien qui permet de sculpter une forme de cire pour ensuite la couler dans un métal précieux.
Quand je suis revenue au Canada, j’ai déménagé à Montréal pour nourrir cette nouvelle effervescence créative. J’ai travaillé comme assistante acheteuse pour une compagnie de vêtements tout en développant lentement mon propre studio de joaillerie. Aujourd’hui, je gère le Studio Collectif dans le Mile-Ex, un espace que je partage avec 12 autres designers locaux.
D’où vient le nom Captve?
Le nom est dérivé d’une série de sculptures de Michel-Ange, destinées à la tombe de Jules II. Il s’agit de formes humaines, façonnées à partir de blocs de marbre, avec certaines parties inachevées. Comme si les silhouettes étaient prisonnières de la pierre. Il a baptisé cette série Pirgioni, qui pourrait être traduit par«captifs» (captive en anglais).
Je n’ai jamais oublié ces oeuvres. Et plusieurs années plus tard, quand je suis arrivée à Montréal, sachant que ma marque de bijoux serait axée sur des techniques sculpturales, le mot «captive» m’est revenu en tête.
Pour ce qui est d’effacer le «i», c’était d’abord un choix esthétique. Mais le mot, par son incomplétude, est aussi un rappel des fameuses sculptures de Michel-Ange. J’aime aussi l’idée d’effacer le «soi», donc moi, du nom de la marque («i» = «je» en français).
Qu’est-ce qui t’as inspiré Curio, ta plus récente collection? Elle a quelque chose de très surréaliste.
Pendant le confinement, j’ai commencé à sculpter des parties du corps, juste pour le plaisir. J’aimais beaucoup l’ironie de créer des bijoux qui reproduisent l’acte de porter des bijoux. D’où le collier avec un nez qui porte une «boucle de nez», ou des boucles d’oreilles en forme d’oreilles qui elles aussi portent des boucles d’oreilles.

Je voulais que Curio évoque quelque chose d’amusant. Évidemment, j’ai puisé dans le travail de Dalí et Man Ray, un autre de mes préférés, pour sa vision du corps humain.
Même si j’adore les bijoux minimaliste, il y a quelque chose de très rafraîchissant avec des pièces plus funky comme les tiennes. Était-ce un choix conscient de t’éloigner du minimalisme?
Oui. Je veux que mes bijoux se rapprochent plus de petites oeuvres d’art plutôt que de pièces simples de tous les jours.
Il y a plusieurs designers minimalistes talentueux, mais je préfère définitivement un bijou plus dramatique, qui révèle quelque chose sur la personne qui le porte. Et je veux que mes clientes connectent avec mes créations. Je veux que mes bijoux deviennent des pièces héritages qui se transmettent de génération en génération.
Curio tourne autour des organes sensoriels, comme le nez, les oreilles et la bouche. Des cinq sens, lequel est le plus puissant chez toi?
Bonne question! Je dirais le toucher. C’est à travers ce sens que je retire le plus de satisfaction quand vient le temps de créer ou de «vivre» une oeuvre. Une réalité qui rend les visites au musée particulièrement frustrantes, haha.
Tu fais aussi beaucoup de bagues sur mesure, non?
Oui! Avec le temps, c’est vraiment devenu un de mes trucs préférés. Certes, c’est plus long et compliqué, mais de pouvoir créer un bijou spécifiquement pour une cliente, à son image, est extrêmement gratifiant.
En ce qui concerne le processus, je travaille habituellement à partir de références fournies par la cliente. Nous discutons longuement du design et de là, je fais quelques esquisses. Une fois le dessin finalisé, je pars à la recherche de pierres précieuses et j’amorce l’étape du sculptage. Par la suite, la pièce est coulée et finalement, je procède à l’assemblage et la finition. Règle générale, tout ça prend environ de 4 à 6 semaines.
Découvrez tout l’univers Captve juste ici.
*Jade m’a généreusement offert ma bague en cadeau. Merci tellement Jade <3

Joëlle Paquette est une rédactrice et blogueuse de mode éthique et de beauté non-toxique basée à Montréal, Québec. Après 10 ans de journalisme dans l’industrie des magazines, elle se spécialise maintenant dans la rédaction de contenu pour des marques prônant des valeurs de durabilité et de responsabilité, autant sociale et qu’environnementale. Elle a aussi déjà flatté un corgi—une journée bien spéciale qu’elle n’oubliera jamais.
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